Mêlant le conte populaire et l'autobiographie, Lionel Lingelser évoque seul en scène ses blessures d'enfance avec une infinie poésie. Il tombe le masque et entrecroise sa propre histoire avec la légende qui a bercé ses jeunes années.
C'est donc l'histoire vraie d'Hélios, un jeune comédien, double autofictif de l'interprète du spectacle, qui s'efforce en répétitions de trouver la justesse de son personnage sous la direction d'un metteur en scène tyrannique. Ce travail d'acteur va l'amener à retourner sur le territoire traumatique de son enfance pour affronter les démons qui ont façonné l'artiste qu'il est devenu.
Ce récit intime d'un abus sexuel, d'une sincérité bouleversante, s'entremêle ici de manière inouïe avec une légende alsacienne du XIXe siècle, attachée à la ferme même de son grand-père, située à Illfurth, où deux enfants auraient été victimes de possession démoniaque, puis exorcisés. Comme si cent-vingt-cinq ans plus tôt, ce symbole d'emprise avait précédé le réel.
Par le talent d'un comédien exceptionnel, dont l'intensité, l'engagement physique et la capacité à nous transporter du rire aux larmes impressionnent, nous assistons à un solo magistral, entre réalité et fantastique, d'une démesure envoûtante. Ce spectacle constitue aussi la preuve que le théâtre peut sauver une vie.
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