Les amoureux de cinéma se souviendront que Le Parrain III, de Coppola, est construit sur la trame de Cavalleria rusticana. Le fils du parrain chante le premier rôle à l'Opéra de Palerme, tandis que sa fille meurt sur les marches, telle une héroïne lyrique. Point de parrains de la mafia dans l'oeuvre : deux anciens amants se déchirent le jour de Pâques en Sicile, un adultère éclate au grand jour et la vengeance se trame. Souvent associé à Cavalleria rusticana, l'opéra en deux actes I Pagliacci sera donné à la suite. Contemporain de celui de Mascagni, ce drame de Ruggero Leoncavallo relate comment un comédien, un 15 août en Calabre, tue sa femme et l'amant de celle-ci, en pleine représentation.
Ces deux oeuvres incarnent le courant vériste, ce mouvement qui traversa l'opéra à la findu XIXème et au début du XXème siècles. Nourri de naturalisme, il prolonge les ressorts de l'opéra romantique, dans des univers souvent populaires. Fidèle à cet esprit, le metteur en scène dépayse les deux actions dans le nord de l'Italie, dans l'univers du brouillard et du gel de la Padanie de l'après-guerre, si cher au néoréalisme social ; un monde où le drame de l'Histoire et de la lutte des classes fait monter une pression intenable entre des protagonistes emprisonnés dansun sempiternel hiver.
Cette soirée sera l'occasion de deux retrouvailles : la soprano Alexandra Marcellier, qui avait impressionné le public dans Madama Butterfly en 2021, tant par sa voix que par son jeu ; et la mise en scène est signée Nicola Berloffa, que le public avait applaudi pour Hamlet à l'hiver 2022.
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