La saison dernière, Tabita Berglund entraînait le public de l'Auditorium dans la folle aventure de Peer Gynt. À peine nommée première cheffe invitée de l'Orchestre symphonique de Détroit, elle est de retour pour nous faire de nouveau rêver aux grands espaces nordiques.
De sa Norvège natale, Tabita Berglund apporte l'impressionnante Passacaille de Ludvig Irgens-Jensen, pièce très populaire dans son pays, grande fugue symphonique encadrée de variations sur un thème obstiné. La cheffe feuillette ensuite le Kalevala, la saga ancestrale des Finnois, que Sibelius met en musique de manière très imagée. Après avoir voulu percer les secrets de la mort, le héros Lemminkäinen est précipité dans les eaux infernales de Tuonela, sur lesquelles nages un somptueux cygne (le second mouvement de cette suite, 'Le Cygne de Tuonela', est peut-être le plus beau solo de cor anglais du répertoire). Sa mère repêche et recoud son corps déchiqueté, le rendant à la vie. Tirée du vaste oratorio La Passion de Simone de Kaija Saariaho, la brève pièce d'ouverture offre au grand orchestre une écriture tout en légèreté, comme pour pénétrer les pensées de la philosophe Simone Weil par une double expérience de la pesanteur et de la grâce.
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