Bien avant de devenir le directeur du Festival d'Avignon, Tiago Rodrigues créait un hymne à l'amour dans un écrin pour deux comédiens. Près de vingt ans plus tard, il donne à sa première pièce une nouvelle jeunesse.
Chœur des amants appartient à ces petits bijoux théâtraux dont la délicatesse s'imprime au plus profond. Un couple y raconte de manière synchrone un moment de bascule : une nuit de crise aiguë laisse une femme au bord de l'étouffement, la course à cent à l'heure vers l'hôpital et l'inquiétude de son compagnon, chacun confiant leurs sentiments réciproques. Confronté au vertige d'avoir frôlé la mort, le duo livre ainsi, en chœur, le passage du temps et des épreuves. Les récits et points de vue se superposent pour mieux offrir leurs infimes divergences dans un petit miracle d'harmonie. Tiago Rodrigues orchestre les paroles comme une partition musicale, vibrante et poétique, peuplée de moments de vie, où l'autobiographie se mêle à la rêverie et à la peur de tout perdre quand vient le manque. Avec le talent qu'on lui connaît, le metteur en scène portugais choisit une nouvelle fois l'épure scénographique pour nous laisser combler les silences, meubler cet espace autour de deux chaises et d'une table avec notre imaginaire… Un théâtre qui s'adresse directement à l'âme, les tracas anodins et les instants de joie fugace y sont chéris car ils glissent dans la vie quotidienne des extraits d'amour vrai. De ceux qui font battre les cœurs, encore et encore.
|