Honoré par la chorégraphe et actuelle directrice du TJP CDN de Strasbourg – Grand Est, Kaori Ito, Waré Mono se présente comme un éloge à la fragilité de l'enfance. Sur scène, un duo d'interprètes et une marionnette en chantier qui s'anime au gré d'un rituel de réparation. Par la magie de la danse, les blessures peu à peu laissent place à la vie.
Comme pour Le Monde à l'envers, sa précédente pièce jeune public présentée à MA en 2021, Kaori Ito s'est entourée d'un comité d'experts en culottes courtes pour écrire Waré Mono, une création poétique et politique qui raconte comment les failles construisent l'humanité. Comment réparer l'enfance ? Pour répondre à cette interrogation, elle s'inspire du Kintsugi, l'art japonais qui consiste à raccommoder des objets cassés, non pas en dissimulant les fissures, mais en les sublimant avec de l'or. Sur le plateau, les artistes campent deux personnages malicieux, qui tantôt s'imitent et s'entraînent l'un l'autre, tantôt fusionnent jusqu'à former une seule et même créature, tantôt se défient et s'affrontent. Par le mouvement, ces êtres se transforment en animaux ou en monstres, jumeaux ou ennemis. Leurs relations évoluent entre férocité et tendresse. À leurs côtés, une marionnette à taille humaine incarne l'âge innocent, avec sa vulnérabilité, ses doutes et ses accidents. Les danseurs s'en saisissent, la manipulent ; ils en accentuent les cicatrices puis les décorent et les soignent pour les rendre précieuses. Celles-ci deviennent alors une manière de faire apparaître l'existence, refaire le monde et se sauver soi-même.
(( Quarante-cinq minutes avant le début du spectacle, un groupe de dix à quinze enfants participe à l'expérience du spectateur : un atelier autour de la réparation et du soin avec dessins, où le corps et la parole sont sollicités. ))
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